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QAYNA
Chante pour que tombe la pluie !

UN SPECTACLE MUSICAL CONTEMPORAIN AUTOUR DES CHANTS DES QAYNA 

D’après les sources arabes, les qayna dominaient la vie musicale depuis l’air pré-islamique dans différents domaines. Dans la vie tribale, on les invoquait par temps de grande sécheresse pour faire tomber la pluie avec leur chant. Dans les tavernes, elles mêlaient le chant à l’amour et au vin. Dans les centres urbains, certaines d’entre elles organisaient des salons de musique où poètes et musiciens pouvaient mesurer leur talent. À la fois musiciennes douées et courtisanes bien éduquées, on dit qu’elles mettaient le calife « transe » et qu’elles étaient appelées pour alléger sa mélancolie, allant jusqu’à obtenir le statut d’umm al-walad, c’est-à-dire celui de mère d’un enfant du calife… 

Qayna est un concert lyrique qui s’inspire des textes d’un grand monument de la culture arabe : le Kitab al-Aghani d’Abu-l Faraj al - Isfahani (m.967).  À travers des extraits de vie venant directement de ce « Livre des Chants », le spectacle souhaite donner à voir et à entendre, dans des traductions inédites, la parole et l’art de ces femmes aux mille talents venus du plus loin de la tradition poétique arabe. 

LYNN ADIB & HALA OMRAN

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Bachar Srour

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Nile Scott

La Nuit d'Antigone ( Antigone's night)  is a concert which allows the discovery of contemporary feminine writings by poets/blogwriters from the Mediterranean basin: Egypt, Spain, Tunisia, Bosnia, Turkey, Syria... 

 

 

 

 

La Nuit d'Antigone crosses the writings of poets and bloggers to offer a story of resistance of these women. 

La Nuit d'Antigone is nourished by this resistance but also by encounters between women artists from different cities and different musical sources. They share a deep love for poetry and "wild writing"; a love that gives them a real impetus and the desire to create new forms and aesthetics.

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QAYNA 

Chante pour que tombe la pluie !

 

Concert lyrique avec compositions originales et populaires

 

Lynn Adib - chant, composition, flûte

Hala Omran - poésie, chant

Patrick Laffont de Lojo - vidéo, lumière, scénographie

Zeid Hamdan - création sonore 

Nil Deniz - conception, direction artistique

Durée: 1h 

Langue: arabe/français

Une production de Sublimes Portes 

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SOURCES & TRADUCTIONS DU SPECTACLE

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SOURCES

en arabe en ligne 

Les biographies des qiyan qui ont inspiré les spectacle . 

Kitab al-Aghani d'Isfahani 

Djamila 

جميلة

https://ketabonline.com/ar/books/10786/read?part=8&page=2948&index=3817114/3817214

Azza al Mayla

عزة الميلاء
https://lib.eshia.ir/71656/17/107

Sallama 
سلامة القس
https://ketabonline.com/ar/books/10786/read?part=8&page=3101&index=3817114/3817305

Habbaba
حبابة
https://ketabonline.com/ar/books/10786/read?part=15&page=5652&index=3818662/3818695

 

Poésies 

https://www.aldiwan.net/poem69385.html

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 Rayya qayna - poétesse 

Ô toi dont l’étreinte est agréable

et dont l’éloignement est détestable.

Ô parfait objet de mes désirs tu as outrepassé 

toutes les limites acceptables!

Et, à la différence de ceux que tu vois,

par Dieu, je suis amoureuse de toi.

  القيان الشواعر  :  ريا

يا لذيذ المعانقة            يا كريه المفارقةْ

جزت يا منتهى المنى       بي حدَّ الموافقةْ

وأنا دون من ترى          لك ولله عاشقةْ

trad. Mohammed Bakhouch 

L’histoire de Jamîla 

Jamîla était une cliente des Sulaym, avant de s'agréger à l'allégeance de son mari, celle des Ançâr. Elle habitait Sanh, quartier périphérique de Médine, où jadis avait résidé le calife Abû Bakr. D'elle procèdent Ma'bad, Ibn 'A'isha, Habbâba (m. 723), Sullâma, Agliya' l-'Aqiqa, Khulayda et Rubayha, les deux Shammasiya et autres gloires du chant. Jamîla fut la créature de Dieu la plus savante à chanter. Ma'bad la qualifiait de « source du chant », ajoutant « nous ne faisons qu'en découler. Sans elle nous ne serions pas des chanteurs »... On demandait à l'artiste : « D'où vous vient le chant? - Par Dieu, ni d'une inspiration ni de l'enseignement. Mais Sa'ib Khâthir était notre voisin. Je l'entendais chanter en s'accompagnant sur le luth. Je n'y comprenais rien, mais je lui empruntai ses modulations et bâtis là-dessus ma propre mélodie, qui se trouva valoir mieux que la sienne par la composition. Je m'en rendis compte, et me lançai. Un jour mes patronnes m'entendirent chanter en secret, me comprirent, et intervinrent auprès de moi: "Nous savons tout, ne nous cache rien." Elles jurèrent de ne rien dire à personne. Haussant la voix, je leur chantai un poème de Zuhayr. 

" Je ne puis me souvenir de toi, femme, sans que tu ne m'agites d'une transe, oh ! l'amant mérite indulgence / il n'est pas un être que change l'éloignement de l'aimé, bien que l'absence soit maîtresse de changement."

Jamîla s'acquitta du pèlerinage : 

L'artiste fut escortée au départ par des chanteurs qui lui firent conduite jusqu'à La Mecque et en revinrent avec elle. Parmi eux d'illustres talents tels que Hît, Tuways, al-Dallâl, Badr al-Fu'âd, Nawmat al-Duha, Hind, Rahma et Hibat Allah, tous grands artistes au chant délectable. Et avec eux Ma'bad, Mâlik, Ibn' A'isha, Nâfi b. Tunbûra, Budayh al-Malih, Naff'al-Khayr. Et parmi les chanteuses ‘Azza al Mayla (l'Onduleuse) Habbâba, Sallâma, Khulayda, 'Uqayla, al-Shammasiya, Far'a, Bulbula, Lahdhat al-Ish, Su'ayda, al- Zarqaâ. En dehors des exécutants : Abû "Atiq, al-Ahwaç, Kuthayyîr, 'Azza, Nuçayb et un groupe de nobles. A quoi s'ajoutaient des clients de Jamîla et d'autres femmes encore. Siyât, de son côté, déclare que firent pèlerinage avec elle pour l'escorter, l'honorer, marquer son pouvoir et lui faire honneur, environ cent esclaves-chanteuses, que leurs maîtres placèrent à ses côtés et dont ils assuraient l'entretien et le transport sur des chameaux avec palanquins, pavillons et tout ce qui s'ensuit. Jamîla s'était en effet refusée à ce qu'aucune d'entre elles dépensât un seul dirham jusqu'au retour. Yûnus, lui, relate qu'il accomplit son pèlerinage avec elle dans une escorte de chanteurs, ceux que j'ai mentionnés, une trentaine environ qui rivalisaient de vêtures somptueuses et magnifiques, de luxe en fait de palanquins et de pavillons. Les gens de Médine rapportent entre autres choses qu'ils n'avaient jamais vu se déplacer une telle colonne avec tant de parfums, de splendeurs et de grâce. A l'approche de La Mecque, vinrent les accueillir Sa'id b. Misjah et Ibn Surayj, al-Gharìd, Ibn Muhrìz, des gens de Hudhayl, un groupe de chanteurs mecquois et force esclaves-chanteuses qu'on ne nous a pas nommées. En dehors de ces artistes le poète 'Omar b. Abì Rabi'a, al-Harith b. Khâlid al-Makhzûmi, al-'Arji et une délégation de nobles. ...

Quand Jamîla fit son entrée dans la ville, pas un chanteur talentueux ni une chanteuse du Hedjaz qui ne l'accompagnât ainsi que la délégation des nobles, parmi ceux que nous avons nommés et d'autres encore hommes et femmes. Les enfants des Mecquois sortaient en foule pour admirer la troupe et son apparat.

Ayant accompli ses dévotions, Jamîla reçut des Mecquois une supplique : leur accorderait-elle un récital? « Pour chanter, ou pour causer ensemble ?

Kitab al-Aghani tome VIII (trad. Jacques Berque )

L’histoire de Habbâba 

Elle fut introduite auprès du calife Yazîd b. 'Abd al-Malik portant un voile à deux traînes, avec aux mains un tambourin qu'elle lançait et rattrapait en chantant ces vers du poète jahilite Uhayha b. al-Julah :

Ô splendide col de Mulayka, quelle gorge embellit encore

sa poitrine/ puissé-je d'elle jouir cette nuit, une fois les gens en sommeil, et les chiens/ une nuit où personne ne veille sur nous, sinon les étoiles...

Selon Hammad d'après son père, qui tenait l'information de Jarir al-Madini, et selon al-Zubayr b. Bakkâr d'après Isma'il b. Abû Aways, qui la tenait de son père :

« Mon œil ne trouva de fraîcheur dans les avantages du califat qu'en acquérant Sallâma, pensionnaire de Muhammad b. Sallâm, et Habbâba, jouvencelle de Lahiq la Mecquoise. » Et le rapporteur continuait: on les lui avait achetées toutes deux, et quand elles furent réunies auprès de lui il déclara : «Je suis maintenant, comme a dit le poète Mu'aqqar b. Himar al-Bâriqi: « Elle jeta le bâton de voyage, son horizon se fixa comme du retour se rafraîchit l'œil du voyageur »

Yazîd acheta Habbâba pour 4 000 dinars, alors que le douaire matrimonial de ses deux épouses s'était élevé pour chacune à 20 000. Puis il annula son achat par égard pour son beau-père. Mais son épouse Sa'da racheta Habbâba pour lui et la lui offrit.

… Le premier événement qui exalta Habbâba dans le cœur de Yazîd, c'est ce que ce dernier survint un jour dans une pièce où elle était, et, se tenant derrière le rideau, l'entendit chanter et moduler : Yazîd, je possédais ton amour naguère, j'en ai failli mourir quand tu me rencontras ! Elle avait substitué «Yazid" à "Shugayr".

Il se rendit compte qu'elle ignorait sa présence, car ce n'était pas là un endroit digne de lui. Tout transporté, il se jeta sur elle....

Un censeur vint reprocher au calife son libertinage. Yazîd demeura quelques jours sans voir la favorite. Celle-ci poussa le poète al-Ahwaç à réciter au souverain des vers propres à le détourner de ses bonnes résolutions :

Pourquoi ne pas s'abstenir de le blâmer en ce jour de son inertie? Le chagrin peut être vaincu par la patience./ J'ai pleuré l'amour à toute force. Me blâme qui voudra. Qui le veut compatisse à mes pleurs et me secoure./ Même désavoué dans ma quête d'un trésor, je sais bien qu'en amour, je ne suis pas seule si tu ne m'aimes, et ne sais plus ce qu'est l'amour, sois donc une pierre, plus dure que granit./ La vie n'est que désir et que volupté, dût-on s'exposer au blâme de l'envieux qui censure !

Yazîd resta donc une semaine sans revoir sa favorite ni la faire quérir. Le vendredi, elle dit à l'une de ses suivantes : «Quand l'Emir sortira pour la prière publique, avertis-moi. » Ce qui fut fait : elle se porta à sa rencontre, le luth à la main, en chantant le premier vers du poème d'al-Ahwaç. Le calife se couvrit le visage : « Assez, murmura-t-il, ne fais plus cela. » Elle chanta alors :  La vie n'est que désir et que volupté. Il revint à elle, lâchant le cortège. « Tu as raison, par Dieu! Malencontreux celui qui m'a fait sur toi la leçon ! Garçon, va demander à Maslama de présider la prière. » Et il demeura avec elle à boire, tandis qu'elle chantait. Et tout revint comme devant. Habbaba étant morte, le calife ne lui survécut que quarante jours.

 

Kitab al-Aghani tome XV ( trad. Jacques Berque )  

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